Le Château de Rolley est le centre d’un domaine qui était, au Moyen-Age, une seigneurie dont la juridiction s’étendait sur plusieurs villages environnants.
Au début du XXème siècle, elle consistait encore en un château, un moulin à farine, une scierie, une huilerie, une très belle ferme aux bâtiments imposants, un verger, des prairies, des étangs, des bois de haute futaie et des terres labourables, le tout sur une superficie de 450
hectares.
C’est au XIIIème siècle que le château est mentionné pour la première fois. Il restera la propriété d’une seule famille, les seigneurs de Boulland, jusqu’en 1578.
Ensuite il passa, par la lignée féminine, dans les mains de plusieurs familles jusqu’en 1752, où il tomba, dans son entièreté, en possession de familles étrangères aux Bolland (Boullant).
Au début des années 1900, le domaine fut acquis par la famille Maus qui en est restée propriétaire jusqu’à ce jour.
Entouré d’épais remparts qui sinuent selon la configuration de l’éperon rocheux sur lequel ils étaient construits, dominé par un donjon qui écrasait le logis du seigneur et le réduit des hommes d’armes, le château médiéval était principalement conçu pour assurer la défense de ses occupants.
Le nom de « rolleis » ou de « fors rolleis » désignait, dans les descriptions des ménestrels, des palissades de gros rondins effilés et solidement reliés entre eux. Un tel palis couronnait la levée de terre qui servait de chemin de ronde protégeant la lice du château fort.
On a peu de peine à s’imaginer Charles le Téméraire, au soir du 5 septembre 1475, entrant par le pont-levis, suivi de toute sa cour lourdement armée, et allant se recueillir quelques instants dans la chapelle.
Sur l’emplacement d’une partie du château médiéval s’élève le château actuel. Cette construction remonte au début du XVIIIème siècle. Elle s’appuie contre la seule tour demeurée intacte. Un ancrage de la façade forme le millésime de 1733, date d’une transformation ; c’est de cette époque que date la toiture actuelle.
Au XXème siècle, Rolley connut les soubresauts de la deuxième guerre mondiale.
Dans ses bois fut abattu, le 2 mars 1940, l’avion du lieutenant aviateur belge Xavier Henrard. Premier soldat belge et premier aviateur allié, victime de l’équipage d’un Dornier allemand violant la neutralité de notre territoire.
En 1943, ses occupants recueillirent et cachèrent des aviateurs anglais puis américains avant de les aider à regagner les lignes alliées (« réseau Comète »). Ils subirent ensuite l’offensive von Runstedt, en décembre 1944. Bastogne et ses environs furent le théâtre d’une résistance farouche.
Rolley fut investi comme quartier général de l’armée américaine. Plusieurs hauts gradés s’y rencontrèrent en décembre 1944 et le Général Patton y passa la nuit du 29 au 30 décembre. On peut facilement s’imaginer quelques GI’s du 502e de la 101e Airborne, transis de froid et épuisés par d’incessants combats, venir chercher dans leur QG quelques heures de repos autour d’un feu allumé à même le sol. Plusieurs panzer furent stoppés et détruits à quelques centaines de mètres de l’entrée du château.